Blackout du 28 avril 2025 : ce que la panne électrique révèle sur la résilience du réseau
Le 28 avril 2025, une coupure d’électricité d’ampleur exceptionnelle a frappé l’Espagne, le Portugal et le sud-ouest de la France, privant plusieurs millions d’usagers de courant pendant plus de huit heures.
L’enquête technique est en cours, sous pilotage européen, avec des conclusions attendues d’ici six mois. Dans l’intervalle, cet article fait le point sur ce que l’on sait, les conséquences pour la France, et les enseignements concrets à tirer pour renforcer la résilience du réseau électrique.

Blackout du 28 avril : une coupure historique sur la péninsule ibérique
Le 28 avril 2025 à 12h33, un incident technique majeur a entraîné la disjonction quasi immédiate de la production électrique sur l’ensemble de la péninsule ibérique. L’Espagne, le Portugal et une partie du sud-ouest de la France ont été privés d’électricité pendant plus de huit heures. L’événement, d’une ampleur exceptionnelle, s’est traduit par l’isolement complet de la péninsule vis-à-vis du réseau interconnecté européen, avec perte simultanée des connexions transfrontalières vers la France et le Maroc.
D’après les premiers éléments communiqués par l’opérateur espagnol REE (Red Eléctrica Española), la panne du 28 avril s’est déclenchée en quelques secondes à peine. À 12h33, un premier incident est enregistré sur le réseau, équivalent à une perte soudaine de production. Moins de deux secondes plus tard, un second déséquilibre aggrave la situation. À la 5e seconde, les fluctuations deviennent incontrôlables : les interconnexions avec la France sont automatiquement déconnectées, isolant instantanément la péninsule ibérique. Le système s’effondre comme un château de cartes, précipitant la coupure massive. Cet enchaînement brutal rappelle la dynamique des black-outs complexes : une série de micro-incidents, pris isolément anodins, peuvent conduire à un effondrement généralisé. Pour mieux comprendre ces réactions en chaîne, cette vidéo d’analyse du blackout italien de 2003 apporte un éclairage intéressant sur les mécanismes systémiques à l’œuvre dans ce type de crise.
Ce type de black-out, rarissime en Europe occidentale, soulève aussi des questions fondamentales sur la stabilité du réseau électrique dans un contexte de décarbonation et de tensions croissantes sur les infrastructures électriques. Il sera nécessaire, dans les années venir et quels que soient les résultats de l’enquête, de flexibiliser le réseau électrique français.
Comment a réagit le réseau électrique français ?
D’après les premières données analysées par RTE, les dispositifs de protection installés côté français ont parfaitement joué leur rôle. La déconnexion rapide des interconnexions avec l’Espagne a permis d’éviter la propagation de l’incident au reste du réseau européen. Certaines centrales situées dans le sud-ouest de la France, comme celle de Golfech, ont été arrêtées automatiquement, et des coupures ponctuelles ont été observées chez quelques consommateurs industriels et résidentiels dans le Pays basque – mais limitées à moins de 20 minutes.
Au-delà de cette réponse immédiate, la France a aussi joué un rôle actif dans le rétablissement progressif du courant en Espagne et au Portugal. À partir de 13h, RTE a enclenché une reprise méthodique des exportations vers la péninsule ibérique, en augmentant par paliers la capacité des interconnexions : 500 MW dans un premier temps, 1 500 MW en milieu d’après-midi, puis 2 000 MW dès 18h. Ce rétablissement coordonné avec les gestionnaires de réseau espagnols et portugais a permis une réalimentation contrôlée, évitant toute surcharge ou nouvelle instabilité.
Stockage d’énergie : des systèmes qui ont fait la différence
Dans ce contexte de crise, certaines entreprises ou installations équipées de systèmes de stockage d’énergie par batteries (BESS) ont pu maintenir partiellement ou totalement leur activité malgré la coupure du réseau. La plupart des grandes infrastructures s’appuient traditionnellement sur des générateurs de secours pour pallier les pannes de réseau. Cependant, des systèmes BESS modernes ont aussi démontré leur utilité lors de ce blackout, en prenant le relais en quelques millisecondes pour fournir de l’électricité de backup. Deux exemples illustrent comment des batteries ont permis d’éviter l’arrêt complet des opérations.
À San Vicente del Monte, l’autonomie locale assurée grâce à des batteries
Dans le village de San Vicente del Monte (Cantabrie), la panne du 28 avril est passée inaperçue pour les habitants. Depuis 2020, la commune est équipée d’un micro-réseau autonome basé sur un système de stockage lithium-ion (232 kWh – 250 kVA), installé par l’opérateur Viesgo. Logé dans un conteneur maritime, ce BESS se déclenche automatiquement en mode îlot dès qu’il détecte une coupure du réseau. Le jour de l’incident, les batteries ont instantanément pris le relais, alimentant l’ensemble du village sans interruption. Pensé à l’origine pour faire face aux coupures hivernales fréquentes dans cette zone montagneuse, ce dispositif a confirmé son efficacité en contexte de crise nationale. L’approvisionnement local a été assuré pendant plusieurs heures, sans impact pour les quelque 500 habitants. Ce retour d’expérience met en évidence le rôle des microgrids équipés de BESS dans le renforcement de la résilience énergétique des territoires ruraux ou isolés.
Vodafone Espagne a tenu 70 % de son réseau mobile grâce aux batteries de secours
Dans le secteur des télécommunications, la résilience du réseau dépend fortement de la capacité à activer rapidement des solutions de secours en cas de rupture d’alimentation. Lors de la panne du 28 avril, Vodafone Espagne a réussi à maintenir environ 70 % de son réseau mobile actif grâce à une combinaison de batteries et des générateurs de secours. Le plan d’urgence de l’opérateur prévoyait l’autonomie de ses centres critiques – data centers et centres de supervision réseau – via des systèmes UPS et des batteries stationnaires (plomb-acide ou lithium-ion selon les sites), assurant plusieurs heures d’alimentation sans coupure. Cette séquence rappelle le rôle clé du stockage distribué dans la continuité de service, notamment sur des réseaux étendus et sensibles comme celui des télécoms.
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• Une panne d’une ampleur inédite, ayant privé d’électricité une large partie de la péninsule ibérique.
• Un système français réactif et résilient, ayant protégé le reste de l’Europe et contribué activement à la réalimentation.
• Des BESS efficaces, ayant permis de maintenir des services critiques comme les télécoms ou l’approvisionnement local.
• Un signal fort sur la nécessité d’adapter notre système électrique, en renforçant les capacités de stockage et les infrastructures locales.